Céramique et écologie : pourquoi je choisis la lenteur et la production raisonnée
- Lucie Eleme
- 8 sept.
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : 20 sept.
Dans un monde où tout s’accélère, où l’on consomme plus vite que l’on ne produit, la céramique m’a appris une autre temporalité. Un rythme lent, patient, organique. Dans mon atelier à Paris Ménilmontant, chaque geste s’inscrit dans cette logique : travailler la terre avec respect, produire moins mais mieux, et inscrire mon métier dans une démarche écologique sincère.
Mais qu’est-ce que cela veut dire, au fond, céramique et écologie ? Pour moi, c’est un mélange de conscience, de gestes techniques, et d’un mode de vie qui prend le temps de faire bien.

La terre : une matière précieuse, pas inépuisable
On pourrait croire que la terre est une ressource inépuisable. Pourtant, l’argile que nous utilisons vient des profondeurs du sol, et sa régénération prend des milliers d’années. Dans un contexte de surexploitation, où l’industrie consomme des tonnes d’argile par an, il est de notre responsabilité d’artisans de ne pas contribuer à cet épuisement.
Dans mon atelier, je travaille donc en conscience :
Toutes les chutes de terre sont recyclées.
Quand une pièce est ratée ou qu’une chute reste sur le tour, je la laisse sécher, je la réhydrate, je la malaxe et elle redevient terre prête à être tournée. Rien ne se perd, tout se transforme.
Chaque geste compte.
Façonner, c’est écouter la matière : trop presser, trop sécher, et elle se fissure. La terre dicte son rythme, et c’est en l’acceptant que l’on crée durablement.
Un circuit fermé pour l’eau : recycler, décanter, réutiliser
Dans la pratique céramique, on utilise beaucoup d’eau : pour nettoyer les outils, humidifier la terre, lisser les formes. Mais plutôt que de laisser couler des litres inutilement, j’ai mis en place un circuit fermé pour l’eau dans mon atelier.
Chaque seau d’eau sale n’est pas jeté. Il décante lentement. L’argile se dépose au fond, l’eau claire remonte et peut être réutilisée. C’est un processus simple mais qui change tout. Cela permet de limiter le gaspillage et de ne pas rejeter de boues polluantes dans les canalisations.
Dans un atelier comme le mien, cela permet d’économiser des centaines de litres d’eau par an. Ce geste modeste, à mon échelle, participe à rendre mon activité plus responsable et respectueuse de l’environnement.
La lenteur comme nécessité écologique
On pourrait croire que la lenteur en céramique est un romantisme d’artisan. Mais elle est surtout une nécessité écologique. Car aller vite, c’est gaspiller :
Une pièce qui sèche trop vite fissure et finit à la poubelle.
Un four lancé à moitié vide, c’est de l’énergie consommée pour rien.
Un émail mal dosé par précipitation, c’est une cuisson ratée.
Alors, j’attends. Je laisse les pièces sécher à leur rythme. J’attends que le four soit plein avant de le lancer, car une cuisson haute température consomme autant d’électricité qu’une maison en deux jours. Cette lenteur est un choix, mais aussi une discipline.
Elle va à l’encontre de notre société où l’on exige tout, tout de suite. Mais la surconsommation vient de cette urgence permanente : produire vite, vendre vite, jeter vite. La céramique me ramène à un autre rapport au temps. Celui de la patience, de la précision, du soin.
Produire moins, mais mieux. Trouver le juste équilibre entre production d'objets en céramique et écologie
Je ne cherche pas à produire en masse. Mon atelier n’est pas une usine, et je ne veux pas qu’il le devienne. Je préfère produire peu, mais produire bien. Cela signifie :
Proposer des petites séries, pensées, cohérentes.
Recycler les terres et limiter les déchets.
Travailler avec des fournisseurs qui respectent eux aussi des démarches responsables.
Refuser les commandes qui demandent de produire dans des délais intenables.
Cela ne veut pas dire se priver de créer, mais le faire avec une conscience : chaque pièce est faite pour durer, pour être utilisée, pas pour remplir des stocks ni des vitrines.
Vous souhaitez soutenir une céramique responsable ?
Chaque pièce que je propose est façonnée dans cette philosophie. Si vous cherchez des objets pensés dans une démarche respectueuse du vivant et du temps, vous pouvez les découvrir en ligne ou en atelier.
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